Les effets toxiques de ses sels, acétate et sulfate de thallium sont bien connus du fait d'intoxications volontaires ou accidentelles, en raison de leur emploi autrefois dans la préparation de raticides et de leur utilisation médicamenteuse comme
dépilatoires.
Nombreux d'autre part sont les cas d'intoxication professionnelle par le thallium dans les industries d'extraction ou de transformation de ce métal, employé en particulier dans la fabrication de certains verres optiques, de lampes au tungstène, de certaines cellules photoélectriques, de certaines pierres artificielles, ou dans la pyrotechnie.
Les sources bibliographiques concernant l'expérimentation pathogénétique de Thallium sont assez nombreuses quoique anciennes et ont été menées, soit avec des dilutions du métal pur (Matière médicale de Boericke - Encyclopédie de T.F. Allen), soit avec des dilutions de sulfate de thallium pour Clarke.
En fait, il semble qu'il n'y ait pas eu de pathogénésie expérimentale véritable de Thallium et que les différents auteurs se soient contentés de collationner soigneusement les symptômes apparus à la suite d'intoxications décrites dans la littérature médicale. C'est pourquoi il ne paraît pas utile de différencier la pathogénésie de
Thallium de celle de ses sels
Thallium sulfuricum ou
Thallium aceticum.
L'INTOXICATION AIGUË
par le thallium ou ses sels est relativement rare et se manifeste :
- par
une phase de gastro-entérite toxique banale, avec douleurs crampoïdes abdominales intenses et sécheresse caractéristique des muqueuses ;
- suit
une phase de troubles neurologiques périphériques :
. polynévrites,
. mouvements convulsifs et/ou paralysie (quadriplégie) ;
-
des troubles circulatoires : troubles du rythme, perturbations de la tension artérielle, s'accompagnant
-
des troubles respiratoires et aboutissant au coma et à l'exitus dans un tableau d'insuffisance respiratoire.
En l'absence du
signe pathognomonique mais tardif de l'
alopécie, le diagnostic, avant les techniques actuelles de réanimation, n'était autrefois que rarement porté du fait du décès trop rapide du patient.
L'INTOXICATION CHRONIQUE,
facilitée par le pouvoir cumulatif du thallium dans l'organisme, est plus riche d'enseignement. Les signes cliniques n'apparaissent qu'après une phase de latence d'autant plus courte que l'intoxication est plus massive. Elle se traduit par :
-
des troubles digestifs : nausées, vomissements, coliques, diarrhée précédant une constipation opiniâtre ;
-
des troubles respiratoires : rhinite, bronchite ;
-
l'atteinte diffuse et précoce
du système nerveux qui débute par :
.
des troubles comportementaux (anxiété, irritabilité, insomnie, parfois confusion mentale) ;
.
des troubles sensitivo-moteurs (acroparesthésies, algies insupportables des membres inférieurs aggravées par le moindre contact comme celui des draps) et aboutit à
.
une paralysie ascendante des membres inférieurs et des membres supérieurs. L'atteinte motrice gagne également les nerfs crâniens et détermine une fonte musculaire rapide. La paralysie des muscles inspiratoires, de la glotte et les troubles de ladéglutition entraînent une insuffisance respiratoire qui peut nécessiter la mise en oeuvre de la ventilation artificielle. Enfin une névrite rétrobulbaire a été aussi signalée plusieurs fois.
-
les signes cutanés sont plus tardifs :
.
la chute des cheveux apparaît entre le 14 et le 18 jour en général ;
l'alopécie est massive et totale, intéressant les poils pubiens et axillaires mais respectant tout ou partie des cils et des sourcils. La repousse s'effectue au bout d'un mois ;
. acné, pigmentation du dos des mains, leuconychie, perlèche labiale ont aussi été décrits.
Il convient enfin de signaler que les travaux du Professeur Truhaut et de ses élèves, en expérimentation animale, ont mis en évidence une altération de la spermatogénèse : oligo-asthénospermie, voire azoospermie, anomalies des spermatogonies variables d'un animal à l'autre et même d'un testicule à l'autre du même animal.
Les mêmes auteurs ont conduit une expérimentation végétale sur des bulbes d'
Allium cepa intoxiqués au thallium. Elle montre une influence certaine de ce métal sur la division cellulaire : disparition des mitoses, inhibition de la respiration cellulaire par diminution de la consommation d'oxygène.
Source : Homéopathie, thérapeutique & matière médicale, Boiron 1998