La première pathogénésie a été établie par Hahnemann. La cantharide est un médicament fiable et efficace du fait de la netteté de ses symptômes toxiques et expérimentaux.
TOXICOLOGIE :
La toxicité peut se manifester par voie externe et par voie interne.
INTOXICATION PAR VOIE EXTERNE :
La cantharide est avant tout un
vésicant.
Appliquée sur la peau, elle produit un érythème, suivi d'une
phlycténisation sous forme d'une
large bulle, remplie d'un liquide citrin au début, mais pouvant devenir louche ou même purulent.
La lésion élémentaire est donc une
lésion érythémato-vésiculeuse, d'allure pemphigoïde, car elle se produit en peau saine, non inflammatoire : elle manifeste une nette tendance à la confluence qui explique l'aspect bulleux.
Secondairement, la perte du toit épidermique de la bulle lui fait prendre par exfoliation un aspect nécrotique et aboutit à la formation de larges
exulcérations que les anciennes matières médicales qualifient à tort "d'aspect gangréneux".
INTOXICATION PAR VOIE INTERNE :
A doses massives, l'intoxication provoque :
-
une anurie complète,
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un syndrome délirant avec hydrophobie intense et fréquemment des convulsions ; elle aboutit ensuite à la mort dans un tableau de
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coma azotémique.
A doses moindres, elle détermine :
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une gastro-entérocolite toxique sévère, caractérisée par :
. la tendance hémorragique et
. la sensation de brûlure extrêmement intense des diverses éliminations : vomissements, selles dysentériques fétides et sanglantes, douleurs abdominales coupantes et ténesme rectal ;
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une néphrite parenchymateuse suraiguë avec :
.
oligurie, pollakiurie brûlante, albuminurie et hématurie, accompagnées de
. douleurs insupportables dans les fosses lombaires, irradiant aux voies excrétrices urinaires et, parfois chez l'homme, aux cordons spermatiques et aux testicules. L'irritation locale des organes génitaux externes peut dans ce cas se traduire par un priapisme douloureux.
EXPERIMENTATION PATHOGENETIQUE :
Elle a permis de mettre en relief, avec des symptômes cliniques plus nuancés, le triple tropisme de
la substance pour
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les muqueuses,
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les séreuses,
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la peau.
AU NIVEAU DES MUQUEUSES :
- prédilection certaine pour les
muqueuses urogénitales :
. inflammation aiguë, accompagnée d'une intense sensation de brûlure,
. vésiculation pouvant aller jusqu'à la nécrose : ulcérations du gland, du prépuce ou des lèvres vaginales ;
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sur l'appareil digestif :
. même tendance inflammatoire de la bouche et du pharynx avec spasmes,
. ulcérations ou aphtes brûlants,
. parfois des hématémèses ou une entérocolite douloureuse avec selles fétides et sanglantes.
AU NIVEAU DES SEREUSES :
L'inflammation peut produire des
exsudats très abondants, particulièrement
de la plèvre :
épanchement pleural de très grande abondance, entraînant, du fait de la compression, des douleurs
constrictives, une dyspnée intense, voire une tendance syncopale.
AU NIVEAU DE LA PEAU :
On retrouve les
lésions brûlantes vésiculo-bulleuses, phlycténoïdes.Source : Homéopathie, thérapeutique & matière médicale, Boiron 1998